À couper le souffle
Entre les démonstrations de force opérées par les lauréats de l’épreuve reine, les surprises en tête des classements du second temps fort, et l’énorme affluence enregistrée, le spectacle aura été à la hauteur de l’événement, hier au parc de la Rivière Bleue.
Ludovic Lanceleur (sur la photo) et Ruby Muir ont tenu leur rang de favori du parcours roi, long de 53 kilomètres.
Photos Alban Colombel
Le Trail des Cagous ne porterait-il pas de moins en moins bien son nom ? Tandis que le volatile endémique se fait hélas de plus en plus rare dans nos forêts humides, l’événement, lui, n’en fini pas de croître, à tous niveaux. En termes de quantité, c’est indéniable (lire ci-dessous), en termes de spectacle sportif, la chose paraît de plus en plus évidente. Et la Néo-Zélandaise Ruby Muir, étincelante sur le tracé de 53 kilomètres du jour, en est assurément la parfaite incarnation.
L’athlète de 23 ans n’affichait pourtant pas une totale satisfaction sur la ligne d’arrivée, bien qu’ayant coupée celle-ci avec près de vingt minutes de moins qu’une certaine Myriam Guillot l’an passé, notable championne du monde de raid aventure… « Je me suis perdue un long moment sur les sentiers, et je n’étais pas vraiment préparée au terrain calédonien : j’ai beaucoup glissé », confiait celle qui, chaussures “five fingers” aux pieds, n’avait assurément pas opté pour l’équipement le plus adapté à la latérite…
Chrono. Peu encline à se satisfaire d’un chrono pourtant exceptionnel (la jeune femme termine d’ailleurs au pied du podium de la course scratch), Muir a pourtant bel et bien offert une prestation de niveau international aux centaines de marcheurs que celle-ci aura eu à doubler sur son périple. La concurrence locale ne s’y est d’ailleurs pas trompée, et c’est avec un large sourire aux lèvres que Véronique Chamberland, heureuse comme tout après un début de saison en dents de scie, prenait la deuxième place féminine de la journée, cinquante minutes plus tard.
L’écart que Ludovic Lanceleur a infligé à ses rivaux est certes moindre, mais la victoire du prodige nouméen n’en reste pas moins un modèle du genre. « Je suis parti nettement moins vite que l’an passé, où j’avais terminé dans un sale état malgré ma victoire, et ai donc réalisé une course bien plus cohérente aujourd’hui (hier) », à savoir une course faite au train, où, un à un, les hommes qui ont tenté de se frotter au champion ont fini par succomber. Gaël Bonnace d’abord, après vingt kilomètres ; Oswald Cochereau ensuite, près de dix kilomètres plus tard, et surtout après une lourde chute qui privera de son poignet le futur deuxième du jour. « Clairement, ce n’est pas à cause de ça que j’ai perdu. Ludovic était tout bonnement intouchable », lâchera, beau joueur, l’un des rares coureurs du circuit à avoir déjà eu la peau de Lanceleur cette saison (sur le trail de Koé).
Pronostics. La logique respectée sur la course reine, il fallait bien quelques surprises sur le trail de 27 kilomètres pour pimenter la fête. Les spécialistes du hors stade Nordine Benfodda et surtout Isabelle Oblet se sont ainsi chargé de braver les pronostics annonçant l’hégémonie des trailers Jérôme Loups et Nathalie Viratelle, beaux deuxièmes du jour. La très en forme Nathalie Viratelle, lauréate à Hienghène voici deux semaines, se tourne désormais vers des semaines cruciales qui la verront jouer la première place du Grand Prix du Nord, et surtout défendre son titre sur la très attendue Transcalédonienne, aux côtés d’Anderson Paulin… et de Ludovic Lanceleur, ça va de soi.
La rivière Bleue inondée
Inondée… de monde, bien entendu. Avec 823 personnes finalement inscrites sur ce Trail des Cagous troisième du nom, l’événement a évidemment explosé son précédent record de participation (480, l’an dernier) ; il constitue désormais aussi la plus importante affluence jamais enregistrée dans le parc provincial au cours d’un événement sportif. « Sportif », mais pas seulement. En ouvrant largement ses portes aux randonneurs souhaitant (re)découvrir l’enceinte naturelle dans un cadre balisé et sécurisé, l’événement s’est offert les conditions pour faire le plein. Les parcours de 7 et 16 kilomètres, non chronométrés, ont en effet rassemblé à eux seuls la bagatelle de cinq cents badauds (respectivement 285 et 215 engagés).
Les trois trails à vocation sportive ont, quant à eux, séduit plus de trois cents compétiteurs (111 sur l’épreuve reine de 53 kilomètres, 174 sur le tracé de 27 kilomètres, et 38 sur la dernière née des formules du Trail des Cagous, un mini-parcours de 9 kilomètres). Ce qui, compte tenu des distances proposées, assurément rédhibitoires pour bon nombre de coureurs, demeure en soit un chiffre hors normes à l’échelle des compétitions locales.
Co-organisateur de la manifestation, Laurent Devaud constate ainsi qu’il faut « toujours attendre quelques éditions avant qu’un événement ne trouve son affluence “de croisière”. Le Trail des Cagous peut jouir d’un excellent bouche-à-oreille depuis deux ans, et l’organisation a largement développé sa communication cette année. Il faut croire que ça a marché… » Au-delà de toute attente. Les organisateurs ne s’attendaient bien évidemment pas à un tel succès (« on tablait sur 500 ou 600 », dixit Martial Devillers, autre concepteur du rendez-vous) ; la direction du parc non plus.
Les classements
Trail Vale (53 km)
Messieurs
1. Ludovic Lanceleur 5h28’37, 2. Oswald Cochereau 5h43’48, 3. Gaël Bonnace 5h53’07, 4. Klayten Smith (NZL) 6h22’43, 5. Christophe Castille 6h25’07…
Dames
1. Ruby Muir (NZL) 6h13’55, 2. Véronique Chamberland 7h03’44, 3. Laurence Conan 7h16’00, 4. Laurence Humeau-Cochou 7h31’05, 5. Régine Saphores et Caroline Favier 7h43’15…
Trail La Sfac (27 km)
Messieurs
1. Nordine Benfodda 2h29’19, 2. Jérôme Loups 2h29’37, 3. Frédéric Letocart 2h34’12, 4. Sam Maffet 2h36’06, 5. Laurent Debaene 2h40’57…
Dames
1. Isabelle Oblet 2h54’42, 2. Nathalie Viratelle 3h03’00, 3. Leslie Nowicki 3h09’00, 4. Suzanne Hirigoyen 3h21’16, 5. Céline Debaene 3h24’52…
Trail Daf Trucks (9 km)
Messieurs
1. Evan Simon 1h03’40, 2. Gylles Letocart 1h06’40, 3. Joël Azam 1h07’52…
Dames
1. Célia Paumier 1h23’54, 2. Stéphanie Le Pallec 1h31’57, 3. Johanna Volle 1h37’53…
Les résultats complets dans notre édition de demain.
A.C.