Âgée de 31 ans, Angélique Plaire n’a pas tardé à remettre ses chaussures après la naissance de sa fille. Photo DR
Elles avaient remporté la 25e édition en 3 h 04’19. Angélique Plaire et Marie-Cécile Cavell, de nouveau réunies sur la Gigawatt, ont terminé 4es de la catégorie féminine, après 3 h 30’10 d’effort. Près de vingt-six minutes de plus sur ce même parcours de 30 kilomètres.
Certains pourraient croire à une contre-performance. Angélique Plaire, qui avoue être « toujours très dure » avec elle-même, le pensait peut-être également. Mais il faut parfois relativiser. Quarante-huit heures après la course, en terrasse à l’Anse-Vata, sa fille de 4 mois à ses côtés dans la poussette, la jeune maman a finalement pris du recul. « C’est dur de se voir toujours en haut. Je voulais que ce soit la même chose sur la Gigawatt », dit-elle.
Un duo soudé
Sauf qu’après de longs mois d’absence, et « un an après son dernier 30 kilomètres », la réalité l’a vite rattrapée. Si elle s’est élancée avec l’idée de « gagner la course » et de « marquer le coup », elle s’est rapidement renducompte qu’il y avait « beaucoup de choses à prendre en compte pour une reprise ». « Je me suis sûrement mis trop de pression. Dès que je me suis fait doubler, mentalement et moralement ça a été très difficile », poursuit celle qui a déjà goûté aux joies des podiums en Métropole, en Nouvelle-Zélande ou en Australie par exemple.
Elle a alors pensé « tout arrêter ». Mais Marie-Cécile Cavell, son « amie », a su trouver les mots justes pour la remotiver. « On ne pensait pas que ça serait si compliqué. Mais la priorité était de prendre du plaisir et de redonner goût à l’effort à Angèle. Je savais que si elle arrêtait, elle allait être déçue », explique Marie-Cécile, qui s’apprête à quitter le territoire.
Elles ont alors continué « ensemble », « dans une bulle ». « Mon compagnon et ma fille m’attendaient aux 10 kilomètres, mais il n’a pas voulu attendre aux 20 kilomètres car, quand il a vu ma tête, il s’est dit que je ne repartirais pas », raconte Angélique Plaire.
Un choix sûrement judicieux. Malgré des « ampoules » et des « échauffements » pour Angélique, les deux femmes ont achevé leur course. Sans le podium, mais avec de riches enseignements. En tant que sportive, elle a pris « un petit coup de pied aux fesses ».
Retrouver les sommets
En tant que mère de famille, elle a franchi un cap en laissant sa fille « autant de temps ». De quoi lui redonner un peu d’élan. « Compétitrice » et « passionnée », Angélique Plaire entend bien revenir au premier plan rapidement. Elle assure qu’elle va s’en donner les moyens. « J’ai pu reprendre l’entraînement il y a seulement un mois, avec des courses de 8 ou de 10 kilomètres, maximum de 15 kilomètres », détaille-t-elle.
Elle va donc peu à peu enchaîner les sorties pour retrouver la forme et ainsi reprendre la tête. « Il fallait qu’elle se rende compte par elle-même. Au moins maintenant, elle sait où elle en est », ajoute Marie-Cécile Cavell. Une chose est sûre, les deux femmes ne regrettent pas d’avoir partagé cette dernière course côte à côte. Enfin, sauf la distance… « Si c’était à refaire, au final, je serais peut-être partie sur le 20 kilomètres », estime Angélique Plaire. Le comble pour une sportive qui enchaîne chaque année les heures de course à pied. Comme en 2018, où elle a parcouru 8 190 kilomètres dans l’année. Soit plus de 22 bornes de moyenne par jour. Il faut dire qu’elle ne rechigne jamais à s’aligner sur un ultra-trail de 170 kilomètres, son record. « Dimanche, lors de la Gigawatt, je me suis demandée comment j’avais pu faire ça », rigole-t-elle. Mais, ne vous inquiétez pas, à 31 ans, Angélique Plaire a de la suite dans les idées. « Je prends cette année comme un entraînement avant de revenir en pleine forme en 2021, c’est l’objectif », conclut-elle.
Repères
En réflexion pour la Coast to Coast
Si elle souhaitait initialement participer à la Coast to Coast les 15 et 16 août, avec David Battie et Damien Bouteiller, Angélique Plaire se laisse encore un peu de réflexion. « Si je ne suis pas à mon niveau et que je me prends une baffe au classement, j’ai peur que ça me mine encore plus », détaille-t-elle. Et d’ajouter : « On n’a rien à prouver, mais au final, sur la ligne de départ, on veut toujours performer. »
L’UTMB reporté
Elle devait logiquement participé à l’Ultra-Trail du Mont Blanc à la fin du mois. Le report de l’événement, à cause du Covid-19, est finalement une bonne nouvelle. « Je ne sais pas comment j’aurais fait, j’aurais sûrement mis des roulettes sous mes chaussures », plaisante-t-elle. Mais la course sera l’un de ses objectifs de 2021, sa place pour 2020 étant encore valable l’an prochain.
Vivement 2021
Si elle prend les prochains mois à venir comme de simples « entraînements », Angélique Plaire commence d’ores et déjà à cocher les cases pour l’année prochaine. Outre l’UTMB, elle visera également « le quadruplé » sur l’UTNC et de possibles performances en Australie et en Nouvelle-Zélande.