À la veille du départ, Daniel Bonnefis, l’organisateur du Festival des trails, anticipait un chrono de 10h minimum pour le meilleur coureur de l’UTNC. “Une bonne partie de la course se fait de nuit et sur terrain glissant, donc ça prendra forcément du temps.” Gauthier Legrand, vainqueur dimanche matin en 9h24’43, a largement dépassé toutes les attentes et explosé les pronostics. “Comme je n’ai pas réussi à dormir hier (samedi, NDLR), je me suis dit : ”plus vite tu arrives, plus vite tu es au dodo””, s’amusait-il après avoir passé la ligne, en référence au départ nocturne de la course, donné à minuit. “En même temps, je savais qu’il allait faire très chaud. Donc mieux je gérais la nuit, plus j’étais à l’ombre.”

Natalia Prado, première féminine, a terminé au mental, dans la douleur, avec le sourire de la satisfaction.

“J’ai fait ce que je savais faire, et c’est passé”

Pourtant, au départ, en remontant le fil du temps dix heures plus tôt, Gauthier Legrand, le tenant du titre, n’était pas le plus confiant des 114 participants du 83 kilomètres, tracé entre Plum et Prony. “C’est la première fois que je fais un 80. Je ne savais pas trop à quoi m’en tenir, c’est plus sur les très longues distances que j’arrive à lâcher les gens normalement. Pour moi, face à Oswald (Cochereau) et Alexy (Dianoux), je n’avais aucune chance. Mais j’ai arrêté de stresser, j’ai fait ce que je savais faire, et c’est passé, large.” Très largement, même, puisque Natalia Prado, superbe 2^e du scratch (et première féminine), a terminé plus d’une heure trente après lui, précisément en 10h56’16. “La portion la plus technique, c’est vraiment les 9 premiers kilomètres. Il faut arriver à monter et descendre vite, sans glisser. Donc la différence s’est faite dès le début, j’ai lâché les autres dans le premier kilomètre.” Au fil des sentiers, et de la terre rouge qui défilait sous les baskets des coureurs, l’écart s’est peu à peu accru, jusqu’à s’avérer décisif. À l’inverse, derrière, Natalia Prado a progressivement gratté des places, après un départ plus timide. Placée 8^e au cap des 9 kilomètres, et 5^e au quart de la course, la traileuse a finalement pu en terminer à la 2^e position, au bout de l’effort.

Le Festival des trails proposait plusieurs autres distances aux coureurs, dont une randonnée de 5 kilomètres.

“J’avais mal au pied, au doigt, à la hanche…”

“Là, j’ai juste envie de me couper la jambe gauche”, avouait-elle, entre rires et larmes, après avoir passé la ligne. “J’avais mal au pied, au doigt, à la hanche…” Dans ces conditions, c’est bien le mental qui a pris le relais. “À partir du 47^e kilomètre, c’était vraiment difficile. J’ai pensé à toutes les copines. Quand elles sont dans le dur, je leur dis ”petit pas par petit pas”, alors c’est ce que j’ai fait.” Une fois assise, dans l’herbe, sous l’arche d’arrivée, Natalia Prado décrivait tout de même un sentiment de “pur bonheur”, “difficile à réaliser”.