800 coureurs dans la gadoue
Dans la douleur, Nathalie Viratelle, Anderson Paulin et Ludovic Lanceleur ont réussi l’exploit de remporter la Transcalédonienne une deuxième année consécutive. Malmené le premier jour, le trio est allé chercher sa victoire hier, tout au bout du suspense.

Anderson Paulin, Ludovic Lanceleur et Nathalie Viratelle ne sont plus qu’à un succès d’un inédit triplé.
Photo A.C.
Hier matin, 10h30. La scène tranche avec les habituels épilogues de Transcal’. Nathalie Viratelle, Ludovic Lanceleur et “Sonny” Anderson Paulin ne font pas vraiment dans la parade, à boucler le parcours bras dessus bras dessous, le sourire clinquant pour immortaliser l’instant face aux photographes. Ce qu’ils avaient fait un plus tôt, en somme. Cette fois, le trio déboule sur Ouatom façon fusée à trois étages à 17km/h malgré quelque 57 kilomètres avalés en deux matinées, se jette sur la ligne d’arrivée les doigts sur le chrono, puis s’écroule au sol. Lessivé. Autre petit détail qui tranche avec le scénario usuel d’arrivée : ce n’est pas pour stopper leur chrono que les tenants du titre avaient la main à la montre, mais bien pour le lancer…
Décompte. Les voici à devoir désormais patienter quatre minutes. Ces même quatre minutes qui les séparaient la veille des vainqueurs d’étape, Caroline Favier, Oswald Cochereau et Sébastien Guesdon. La parade peut enfin débuter. Au micro, Ludovic Lanceleur s’amuse à faire le décompte. 3, 2, 1… Et toujours pas de rivaux dans le rétro. C’est fait : la passe de deux est dans le CamelBak.
Mais à l’image de cette fin de course au suspense palpable, que la victoire fut dure… Dure aussi comme cette Transcalédonienne 22e du nom, titillant les 4 000 mètres de dénivellation positive en moins de 60 kilomètres… Rare, très rare. Nombreuses ont d’ailleurs été les formations à y avoir laissé des plumes. Les abandons se sont multipliés (26 équipes le premier jour, « sans doute autant le second, mais répartis sur les différentes catégories de course », informe l’organisation), les contre-performances aussi. Celles-ci n’ont même pas épargné les “élites” jouant le haut du tableau : Véronique Chamberland – Thomas Testet – Yohan Samanich non-partants hier matin, Angélique Plaire – Paolo Biondo – Xavier Leheutre au tapis, Jérôme Loups, Céline et Laurent Debaene en terminant façon randonnée touristique, la forme en moins…
Pour briller ce week-end, il fallait donc se montrer éminemment costaud… Costaud dans la tête, comme Anderson Paulin, qui a souffert en silence quand les crampes le paralysèrent au moment où la victoire commençait à peine à se dessiner. Costaud dans les jambes, comme Ludovic Lanceleur et Nathalie Viratelle, qui ont avalé sans relâche les 23 derniers kilomètres du week-end, avec comme unique pensée de toujours creuser l’écart après leur départ canon. Costaud tactiquement enfin. Là, ce sont les troisièmes du général qui se sont illustrés.
Stratèges. Isabelle Oblet et ses deux compères Éric Gilquin et Damien Bouteiller ont en effet récolté les fruits de leur exceptionnelle gestion de course. Partis sixièmes du général hier, les fins stratèges l’ont joué culottés à s’élancer en sous-régime. La fatigue aidant, ils auraient pu se satisfaire de l’allure ; ils ont finalement terminé en trombe, dépassant à peu près tout ce qu’il y avait à dépasser. Eux aussi devaient alors guetter le chrono sous la banderole d’arrivée. Laurence Conan, Gaël Bonnace et Laurent Devaud, ainsi que Laurence Humeau, David Esposito et Frédéric Letocart étaient finalement battus. Pour l’anecdote, la médaille en chocolat allait revenir aux premiers cités, au bénéfice de seulement cinq petites secondes…
Reste désormais une question. Les indétrônables défendront-ils leur fauteuil une année de plus ? La réponse leur appartient, mais le jeu en vaut assurément la chandelle… En cas de succès, Nathalie Viratelle, Anderson Paulin et Ludovic Lanceleur égaleraient le plus grand nombre de victoires remportées côte à côte, et deviendraient surtout la première équipe à s’imposer trois fois consécutivement sur l’événement trail le plus courtisé du Caillou.
L’émergence d’un futur grand ?
Thibault Le Gallic (à gauche) a remporté l’épreuve masculine aux côtés de David Toumen et Martial Devillers.
On pourra toujours dire que c’était l’année ou jamais pour s’illustrer sur la Transcalédonienne masculine, tous les cadors de la place ayant migré vers l’épreuve mixte… Mais la victoire du jeune Thibault Le Gallic, 17 ans, associé ce week-end à David Toumen et Martial Devillers, en promet toutefois beaucoup d’autres. L’an passé à Netchaot, pour son baptême sur l’épreuve, il s’était déjà distingué en prenant une belle septième place au sein d’une formation composée de deux jeunes hommes de 16 ans et un de 17 ans ; son succès d’hier n’a donc rien d’un coup d’éclat isolé.
« J’ai malgré tout beaucoup souffert durant la première journée. Mes équipiers m’ont d’ailleurs beaucoup aidé. Hier (samedi), on a pris 22 minutes d’avance sur les deuxièmes de la catégorie, alors aujourd’hui, sans dire que l’on avait course gagnée, on s’est principalement attachés à soigner notre place au classement scratch. Ce qu’on a réussi puisqu’on termine quatrièmes de cette seconde journée. C’est vraiment pas mal… » Pas mal, comme les deux podiums que le traileur en herbe a déjà signés récemment, sur le trail du Dogny et le Raid la Piste. De là à envisager Thibault Le Gallic comme le potentiel futur du trail calédonien, il n’y a bien sûr qu’une foulée… « On va essayer, mais d’abord, il faudrait que j’arrive à mieux concilier le sport et les cours (rires)… »
Résultats
Transcalédonienne
(Samedi : 34 kilomètres, 2 260m D+ ; dimanche : 23 km, 1 580m D+)
Mixte
1. La Licorne – Touskifau (Nathalie Viratelle, Ludovic Lanceleur et Anderson Paulin) 8h58’01 (5h28’22 ; 3h29’39), 2. Montagnat (Caroline Favier, Oswald Cochereau et Sébastien Guesdon) 9h00’22 (5h24’22 ; 3h36’00), 3. Sport Santé Calédonie (Isabelle Oblet, Éric Gilquin et Damien Bouteiller) 9h19’08 (5h36’08 ; 3h43’00), 4. ChiroTeam (Laurence Conan, Gaël Bonnace et Laurent Devaud) 9h24’29 (5h33’10 ; 3h51’19), 5. Aircalin (Laurence Humeau, David Esposito, Frédéric Letocart) 9h24’34 (5h35’20 ; 3h49’14)…
Dames
1. Hélène Barreau, Adeline Nabet et Charlotte Robin 12h57’49 (7h34’10 ; 5h23’39), 2. Marilyne Bauer, Alice Grossiord et Pauline Torkhani 16h00’17 (9h21’13 ; 6h39’04), 3. Yvonne Wiedmann, Virginie Cardonna et Laurence Artus 17h43’23 (10h30’12 ; 7h13’11)…
Messieurs
1. Martial Devillers, Thibault Le Gallic et David Toumen 9h58’12 (6h13’43 ; 3h44’31), 2. Thomas Tarroux, Charley Ianaxel et Laly Kautpun 11h00’18 (6h40’56 ; 4h19’22), 3. Mickael Mafoa, Yvan Geffroy et Jean-Eddy Odules 11h04’50 (6h36’35 ; 4h28’15)…
Les résultats complets dans notre édition de mercredi.
Repères
La plus dure ?
3 840 mètres de dénivellation positive, une épaisseur de boue à la hauteur des intempéries survenues en début de semaine… Les 818 inscrits – et un peu moins de partants – n’ont pas vraiment eu la tâche aisée, cette année. Ce n’était certes pas le but, mais l’absence de portions roulantes sur le tronçon du samedi a, semble-t-il, marqué les esprits des Transcalédoniens. Habitué de l’événement, Éric Gilquin nuance : « elles sont toutes dures ! J’ai aussi souvenir d’éditions où nous avions des “murs” de 800 mètres à avaler en un bloc. Ce n’était pas le cas cette fois… »
Il double aussi la mise
Lauréat l’an passé de la Trans-Découverte, cette catégorie de course ne faisant parcourir “que” le tracé de la seconde journée, Samuel Guitton a remis le couvert hier. Après s’être distingué à Netchaot (Koné) aux côtés de Joéline Razanatsara et d’Arnaud Hirigoyen, c’est cette fois associé à Florence Giarmana et Ronan Pannetier que le trailer s’est offert son second titre consécutif.
Alban Colombel