La Française Karine Herry et le Népalais Dawa Dachhiri Sherpa, stars annoncées du tout nouvel ultra-trail calédonien, ont impressionné leur monde ce week-end, l’une en terminant deuxième du scratch loin devant ses concurrentes, l’autre en remportant l’épreuve avec… près de trois heures d’avance.
5 heures 15, samedi matin. Avec un quart d’heure de retard, le départ est finalement donné. « Nous nous sommes accordé le temps de la réflexion avant d’autoriser la course, compte tenu des intempéries qui ont sévi toute la nuit », expliquait Sandra Parent, organisatrice. Le bon choix sera pris, la pluie s’arrêtant de tomber quelques minutes après le départ, et un briefing d’avant-course informant les coureurs de la montée des eaux étant effectué. Le jour n’est pas encore levé – et sera retombé quant le premier franchira la ligne, quelque treize heures et trente-six minutes plus tard -. C’est donc un essaim de lampes frontales qui éclaire le site de départ, à quelques encablures du barrage de Dumbéa, là où un peloton d’environ 130 trailers s’engouffrera sur le GR1 de Nouvelle-Calédonie pour ne le quitter qu’à l’arrivée, 107 kilomètres plus loin. 107… voire plus. Le vainqueur, Dawa Dachhiri Sherpa, confiait au terme de son périple que « la longueur, sans doute supérieure à celle annoncée, a été ce qu’il y avait de plus dur à gérer. Ça, et la solitude ! » Le Népalais est pourtant arrivé sur le site d’arrivée, à Prony, avec une fraîcheur insolente, au terme d’une course en solitaire de près de cent kilomètres. Fair-play, il repartait même, quelques heures plus tard, accueillir Widdy Grego et Paolo Biondo sur le parcours…
« Il m’a réellement donné un cours de trail »
Il est vrai que ces champions extraterritoriaux n’ont pas l’habitude de ces courses à l’affluence relativement intimiste : « Habituellement, nous partons à deux mille et sommes encore trois ou quatre ensemble sur les dix derniers kilomètres (physionomie à laquelle le Grand Raid a d’ailleurs envie de ressembler dans le futur, NDLR) », raconte le vainqueur. Peut-être est-ce d’ailleurs cet isolement qui a tant fait souffrir Karine Herry ? La meilleure Française n’a définitivement pas fait dans la figuration, samedi. La victoire féminine acquise dès les premières foulées, l’Auvergnate s’est ensuite attachée à rafler une place honorable au classement scratch. Elle fera plus que cela. Délaissant Widdy Grego et Eric Gilquin à Netcha, vingt-cinq kilomètres avant la ligne d’arrivée, Herry, littéralement éreintée, obtiendra une énorme deuxième place, devant même la première équipe de relais, l’autre formule de course proposée (les militaires Julien Chevance et Rui Demelo, qui devaient respectivement courir 67 puis 40 kilomètres, s’y sont imposés). Derrière elle, Éric Gilquin, premier Calédonien, suivi, une demi-heure plus tard, de Paolo Biondo, arrivant main dans la main avec un autre invité, le Guadeloupéen Widdy Grego, dont l’esprit sportif a fait l’unanimité parmi ceux qui l’ont côtoyé sur le parcours. « Il m’a réellement donné un cours de trail, racontait notamment Éric Gilquin. Sur l’ascension de la mine Soleil, il me disait quand m’alimenter et avec quoi. Ses conseils se sont avérés bons. » Le parrain de ce premier Grand Raid de Nouvelle-Calédonie, Karim Mosta, arrivera plus tard, après s’être investi, lui, en amont de la course. Les ténors ont donc tous su, chacun à leur façon, rendre la pareille à un événement qui les a invités sur le Caillou. On espère désormais plus de pointures pour les éditions à venir, le Grand Raid nourrissant l’ambition d’évoluer sur le même plan que les trails organisés en Métropole.