Georges Lasserre, à gauche, s’élancera avec le gros des troupes calédoniennes dans le groupe 2 du 100 km. Simon Thépault, à droite, partira plus esseulé 40 minutes après, dans le groupe 4. Photo F.L.Trail. Le club du stade Numa-Daly comptera seize de ses membres sur la ligne de départ de l’Ultra-trail d’Australie ce samedi : parmi eux, l’indécrottable Georges Lasserre et le néophyte Simon Thépault.
C’est une histoire d’ambiance et d’émulation. Depuis plusieurs années maintenant, l’AS Magenta voit une troupe de ses licenciés faire le voyage en Australie pour crapahuter dans le parc national des Blue Mountains. La faute au président et entraîneur Georges Lasserre, recruteur en chef pour gonfler les rangs calédoniens à Katoomba, 50 kilomètres à l’ouest de Sydney.
« C’est une course que je trouve très belle, les pistes sont propres, le balisage parfait, énumère le Palois de naissance, débarqué sur le Caillou en 1974. Là, c’est la première fois qu’on a une délégation aussi importante. J’ai déjà des coureurs qui ont prévu de venir en 2020. » Le fringant sexagénaire sait de quoi il parle : il participera à sa 7e édition d’affilée samedi et s’amuse d’entrer « dans le tableau des légendes » de l’événement.
Bien gérer la douleur
Avec lui, ils seront 15 du club à tenter ou à renouveler l’aventure, dont 12 sur la distance reine, le 100 kilomètres. « Ça va être mon premier ultra, glisse Simon Thépault. J’ai commencé le trail ici, en Calédonie, et de fil en aiguille, j’ai eu envie de tenter une longue distance. » Passé par Mayotte ou encore La Réunion, l’infirmier de 32 ans a posé le pied ici il y a deux ans et demi. C’est son pote Romain qui l’a fait intégrer l’AS Magenta et derrière, l’ultra-traileur en herbe s’est fait « embarquer par la bonne ambiance ».
Mardi, au stade Numa-Daly, les messages d’encouragement fusent à son passage sur la piste. Pas d’entraînement pour Simon ce soir-là, au repos après 12 semaines de préparation spécifique dans les jambes (voir ci-contre) et à 72 heures de son plus grand défi sportif. « C’est la gestion de la douleur qui me fait un peu peur », livre-t-il, alors que Georges Lasserre se rapproche après avoir donné quelques consignes à un petit groupe. « Je sais qu’à un moment, il faudra mettre le cerveau sur off pour avancer, poursuit-il. Oublier qu’on n’a aucune chance et foncer ! »
En habitué, son aîné de président lui fait un rapide topo de ce qui l’attend : « C’est bien simple, à partir de 50 km, tu vas commencer à ressentir de la fatigue. Et à 80 km, tu auras mal partout. »
1 000 marches à monter en guise de final
Avant de prendre des allures de vieux sage qui y va de son conseil : « Le mieux, c’est de partir doucement et de s’économiser les jambes. Tu cours jusqu’au 52e kilomètre puis il faut marcher dans les dénivelés. Derrière, tu dois tout de suite recourir et relancer quand ça revient sur du plat. C’est indispensable. »
Au bout de l’effort, quand il n’y en a plus, il y en a encore. « Les 500 derniers mètres, tu dois grimper 1 000 marches pour débouler sur le plateau avec l’arrivée, annonce Georges. En bas, tu n’entends rien avec le dénivelé, puis au fur et à mesure, ça commence (il fait le geste en montrant son oreille) et en haut, tu as du public partout, ça applaudit. » C’est là que sa femme Marie-Annick l’attendra, juste derrière la ligne d’arrivée. « Avec une bière, précise-t-il. Ça, c’est systématique. »
fabien.lefranc@lnc.nc
Savoir +
L’UTA existe depuis 2008 dans son format du 100 km. Les distances plus courtes ont été ajoutées par la suite, le 50 km en 2013, le 22 km en 2016 et le 11 km cette année. Depuis 2015, Georges Lasserre a toujours fini sur le podium de la catégorie vétérans 3 (plus de 60 ans) sur le 100 km, avec une 2e place l’année dernière. « Ah oui, j’avais cartonné ! », sourit-il.
Repères
Profil d’une prépa « longue distance »
Simon Thépault a suivi un entraînement de 12 semaines pour aborder au mieux l’UTA. Au programme : des « week-ends choc » avec deux longues sorties en deux jours, sur le GR Nord par exemple ; une session Trail camp avec Damien Boutellier, soit 74 km en 3 étapes sur 2 jours ; le 40 km du trail des Cagous (22e en 5 h 33) ; et la Coast to coast Shell Pacific en équipe entre Canala et La Foa, avec une 6e place.
27 Cagous font le voyage
Sur le 100 km : Marie-Aline Cailleau, Laurent Chailleux, Pierre Cochou, Éric Cosson, Dominique Écoiffier, Pascal-Jean Guillaume, Carole Keravec, Georges Lasserre, Dominique Le Flécher, Nicolas Lepron, Annie Lèques, Pierre-Henri Lèques, Olivier Luccionni, Angélique Plaire, Jean-Noël Royer, Simon Thépault.
Sur le 50 km : Marie-Claire Kabar, Charles Laubreaux, Anne Le Du, Laurent Maillot, Frédéric Patin, Serge Renault, Françoise Seivert.
Sur le 22 km : Estelle Bedas, André Bedas, Théo Dutault-Keravec, Sabrina Écoiffier.