
Guillaume Boccas a évité les pièges d’un terrain glissant. « La pluie n’étant pas un problème, ça a permis de nous rafraîchir », estimait-il à l’arrivée. Un avis partagé par la plupart des 255 partants au total du 11 et du 24 km. Photos A.F.TRAIL. Un ingénieur, 28 ans demain, vainqueur devant deux légionnaires, un Kényan et un Russe : c’est le podium du 24 kilomètres du Trail de la rentrée, couru sous la pluie, samedi matin, avec départ et arrivée à Boulari.
Il avait gagné avec plus d’une minute d’avance le dernier trail de la saison 2018, celui des sauveteurs en mer, à Plum. Trois mois et demi plus tard, Guillaume Boccas a confirmé en remportant la première course de l’année, trois minutes et neuf secondes devant un adversaire surprise, Nicholas Lekasakei, un soldat de 26 ans, né au Kenya, basé en Corse, venu avec sa compagnie en mission en Calédonie jusqu’en avril.
Longtemps, les deux hommes ont slalomé ensemble entre les gouttes. « J’ai posé une attaque dans une montée, il a suivi, un vrai pot de colle, impossible de m’en défaire », plaisante Guillaume, qui n’a pas toujours autant rigolé.
« Sur le plat, vers le 15e kilomètre, il a accéléré : j’essayais de m’accrocher mais il allait vraiment vite… Pour moi, à ce moment-là, le trail était perdu, il allait me mettre une “mine??… Avec, toutefois, le petit espoir qu’une fois arrivé à la dernière côte il ne s’y attende pas et qu’il explose… Finalement, c’est exactement ce qu’il s’est passé ! »
« Tracé très exigeant »
Perfectionniste, Guillaume Boccas avait reconnu le parcours le week-end précédent. « Oui et ça m’avait fait carrément peur ! Il est difficile de A à Z. Tu commences directement avec du dénivelé, très raide : il y a des passages où j’étais à quatre pattes ! Derrière, tu as de la descente ultra technique, avec des racines, ça glisse, il y a des plaques de mousse, tu t’accroches aux branches… Il faut avoir les jambes fraîches pour être sûr de pouvoir enjamber tous les obstacles ! »
Un tracé « très exigeant » selon les organisateurs, Sabrina et Dominique Ecoiffier : « 1 200 mètres de dénivelé sur un aussi petit parcours, c’est rare… »
Exigeant mais plaisant, d’après les coureurs, partis à 7 heures du matin de Boulari pour s’enfoncer jusque dans les Koghis avant de revenir et de finir par un tour de stade, avec arrivée face à la tribune.
Pour le « premier trail » de sa vie, Nicholas Lekasakei, « venu en taxi », a été servi. Alors en tête, « au 17e kilomètre j’ai perdu le chemin : au lieu de prendre à droite, j’ai pris à gauche… J’ai fait demi-tour puis j’ai suivi » Guillaume Boccas, avant de perdre le contact. « Il monte bien », reconnaît le Kényan, beau perdant.
Le 3e, Marat Gizatoulin, un autre légionnaire, mécanicien de 36 ans, originaire « des montagnes de l’Oural » et ancien adepte de courses d’orientation, n’a, lui, jamais fait fausse route malgré ses dix-huit minutes de retard sur le vainqueur. « C’était technique, glissant, mais juste ce qu’il faut : c’est le meilleur trail depuis que j’ai commencé en mars 2018. »
Les organisateurs apprécieront.
Axelle Nardoux première féminine
La traileuse de 31 ans, compagne de Guillaume Boccas et victorieuse du Grand Prix des Raids du Nord en 2015 et en 2017, s’est classée 6e du général du 24 km et 1re féminine en 2 h 49’57, plus de deux minutes devant Marie-Cécile Cavell (3 h 02’09). « J’avais de bonnes jambes, de bonnes sensations pour cette rentrée. Au début, je me suis mise à côté de Marie-Cécile, qui est très forte, et petit à petit je suis partie en tête dans la côte. Après, j’ai tracé, j’ai fait mon chemin », sourit Axelle Nardoux, qui cette saison s’oriente vers des courses longues. Ce ne sera pas le cas de l’Asacienne Delphine, 3e en 3 h 12’42. « Le parcours était bien pour moi : je descends bien, j’ai gratté plusieurs filles comme ça, dans les montées j’ai des bâtons donc c’est cool et je n’aime pas trop le plat… »
L’aller-retour express de Michel Wanawaeng

C’est l’un des belles histoires de ce samedi matin. Inscrit sur le 11 km, Michel Wanawaeng s’est d’abord vu refuser le départ. « J’avais oublié ma couverture de survie, qui était obligatoire… On pouvait en acheter une sur place, mais il fallait payer 450 francs… Je n’ai pas hésité, je suis vite reparti chez moi à Kaméré prendre les pièces. Quand je suis revenu, ils avaient démarré, déjà… L’organisateur m’a emmené dans sa voiture et m’a déposé au niveau du dernier concurrent. » Michel aura manqué seulement les 500 premiers mètres de course. Combien de concurrents a-t-il doublé ? « Ouh là, l’engin, un paquet… » Il finira 46e du 11 km, en 3 h 01’44, loin du premier, Jérémy Deudon (1 h 10’59) et de la première féminine, Marion Courtin (1 h 37’28).