Patrick Vernay, un diesel inusable (LNC du 25/06/2010)

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LNC du 25/06/2010 : Patrick Vernay, un diesel inusable

En octobre prochain, Patrick Vernay s’envolera pour Hawaii disputer les championnats du monde Ironman. Chaque mois, nous prenons des nouvelles du Calédonien et meilleur spécialiste français de la distance, selon un thème particulier de sa préparation. Sixième épisode : la préparation athlétique.

Les sportifs sont souvent comparés à des moteurs. Turbos pour les spécialistes de l’effort court, essence pour les petites cylindrées et diesel pour les spécialistes de l’effort long. Patrick Vernay fait évidemment partie de cette catégorie. Il est davantage Renault que Ferrari, endurant que rapide. Et il consomme peu. À tel point que son rythme cardiaque de métronome est parfois un frein face à des adversaires capables de se mettre dans le rouge pendant quelques instants pour créer des écarts parfois insurmontables sur un Ironman.
Le Calédonien est un des meilleurs mondiaux sur la dernière épreuve des Ironman, le marathon. Souvent, il remonte un à un ses adversaires à pied après avoir concédé plusieurs minutes à l’issue de la natation et du cyclisme. Le spectacle est étonnant de voir le Cagou courir les 42 kilomètres finaux en moins de trois heures pendant que les autres concèdent vingt ou trente minutes.

Je sais que je peux gagner du temps, surtout en cyclisme.

Pour remporter le championnat du monde de Hawaii, il sait qu’il doit être un peu plus rapide sur les deux premiers segments. La natation offre rarement des écarts considérables à la sortie de l’eau mais les 180 kilomètres de vélo sont souvent rédhibitoires, surtout que le règlement interdit de rouler en peloton. Alors, depuis deux ans, Patrick Vernay a pris la décision de s’entraîner avec les meilleurs locaux, dans ces spécialités. Rudy Bernard lui apporte ainsi des conseils sur la natation en eau libre pendant que Rémy Tiedrez le conseille à vélo. Sur le marathon, il se prépare seul car, de la position de course au nombre de foulées, il ne peut pas faire mieux.
« Je sais que je peux gagner du temps, surtout en cyclisme, reconnaît Patrick Vernay. Alors j’ai fait appel à leur expertise pour tenter de me rapprocher des meilleurs dans ces domaines. » Derrière Rémy Tiedrez sur le vélodrome ou à côté de Rudy Bernard à l’anse Vata, Patrick Vernay peaufine. Quand les petits détails font les grands champions.

Ch. C.

 

« Il peut aller plus vite »

Ancien champion du peloton calédonien, Rémy Tiedrez participe à la préparation de Patrick Vernay en lui prodiguant des conseils afin d’améliorer sa vitesse sur deux roues.

En natation, il y a Rudy Bernard, qui vient de décrocher hier la sixième place des Oceania en eau libre. Avec lui, Patrick Vernay travaille principalement son placement, sa gestion des courants et des vagues des autres concurrents. Car c’est souvent dans les premiers mètres des 3,86 km de natation que l’on sait si le départ est bon ou non. L’année dernière, Patrick Vernay s’était laissé enfermer à Kona dans un deuxième groupe. Un retard insurmontable à vélo, malgré l’aide que lui prodigue Rémy Tiedrez.
Ce sosie de l’ancien champion italien Marco Pantani, qui a participé plusieurs fois au tour de Nouvelle-Calédonie, a ainsi été appelé par Patrick Vernay pour résoudre son manque de vitesse sur deux roues. Malgré une nouvelle monture cette saison, le Cagou n’est toujours pas au niveau des meilleurs. Et la raison est simple. « Patrick roule toujours au même rythme, avec un braquet énorme de 56×11, commente le technicien. Il tourne les jambes au rythme de 70 à 75 tours par minute à un rythme cardiaque constant. Il ne veut pas augmenter celui-ci pour ne pas se mettre en danger avant le marathon. Mais il peut aller plus vite »

Dix minutes en jeu

Alors, comment rouler avec les meilleurs ? « C’est simple, nous essayons de monter le rythme de pédalage à quatre-vingts tours par minute. Avec un braquet de 56×11, un tour de pédale complet fait avancer le vélo de onze mètres. S’il tourne les jambes un peu plus vite, il peut espérer gagner soixante mètres par minute, ce serait déjà énorme. » Car, si Patrick Vernay a un cœur énorme, il est également très puissant. « C’est une bête, rigole même Rémy Tiedrez. Il tire toujours très gros et ne pourra pas atteindre les cent coups de pédales par minute de certains sur des braquets plus petits. » On pourrait croire que le Calédonien ne peut pas progresser. Mais Rémy Tiedrez est persuadé du contraire. « Il est mieux posé sur le vélo et peut pédaler un peu plus vite sans menacer son rythme cardiaque. Il a déjà constaté qu’il avait progressé face à la concurrence. S’il monte jusqu’à quatre-vingt-cinq coups de pédales toutes les soixante secondes, il gagnera une dizaine de minutes au final. » En 2008, Patrick Vernay avait terminé à neuf minutes du podium.

 


 

« L’Europe avant le monde »

« La tâche sera plutôt ardue le 4 juillet prochain puisqu’à l’occasion du championnat d’Europe Ironman je serai confronté aux meilleurs mondiaux sur la distance, en somme une petite répétition avant la finale hawaïenne. Chris McCormack, vainqueur de Hawaii 2007, l’Allemand Andreas Raelert, troisième aux Mondiaux Ironman l’an dernier, son compatriote Timo Bracht, dans le top 10 à Hawaï l’an dernier et tenant du titre à Francfort, ainsi que le Néo-Zélandais Cameron Brown, deux fois deuxième sur l’épreuve de Kona, vont me donner plus que du fil à retordre. Un podium sera déjà une performance d’autant que je n’ai pas mentionné l’armada de seconds couteaux susceptibles de venir taquiner les meilleurs et dont il faudra se méfier. J’ai fait du bon boulot à l’entraînement et davantage travaillé sur le vélo et en natation, mes points faibles par rapport à l’élite mondiale. A pied, je n’ai pas pu faire ce que je voulais car j’ai encore connu des soucis avec ma cheville mais ça devrait passer. J’ai enchaîné quatre semaines comprenant chacune trente-cinq heures d’entraînement pour finir avec le half-Ironman de Plum le week-end dernier sur lequel je me suis rassuré avec de bonnes sensations. Le matériel est bien réglé et tout est donc prêt pour prendre le départ en fin de semaine prochaine. Reste à ne pas tomber malade d’ici au 4 juillet et, surtout, ne plus trop en faire pour arriver en pleine forme. À moins de dix jours de l’épreuve, le travail est fait et il faut juste s’entretenir pour être au top. Gare aux angines de forme ou autres microbes susceptibles de venir m’affaiblir juste avant une épreuve où il me faudra être à 100%. »

 
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